Une consécration sur la scène financière mondiale
Cette année, la 57ᵉ conférence annuelle de Factors Chain International, tenue sous le soleil hivernal de Rio de Janeiro, aura fait vibrer la diplomatie financière congolaise : la couronne d’Ambassadeur de l’année 2025 a été décernée à Avant Gotène, directeur de l’affacturage et du commerce international à la Banque Postale du Congo. La République du Congo, qui tissait patiemment sa toile dans les rouages de la finance structurée, voit ainsi l’un de ses dignes représentants s’imposer face à des concurrents issus de plaques tournantes réputées comme Singapour, Francfort ou New York. L’annonce, relayée dans les allées feutrées de l’hôtel Copacabana Palace, a suscité un mélange de fierté nationale et d’émerveillement, tant cette distinction demeure rare pour le continent.
Le visage d’une nouvelle génération de financiers africains
Trois masters, un MBA britannique et douze années de pratique ont sculpté la trajectoire d’Avant Gotène, décrit par ses pairs comme « un stratège au sens aigu du terrain ». Des bancs de la London School of Business and Finance aux bureaux laminés de la BPC, le lauréat incarne cette génération qui conjugue expertise académique et sensibilité aux réalités locales. « Il parle IFRS le matin et décroît le surendettement d’une PME l’après-midi », confie un collègue rencontré à Brazzaville. Cette polyvalence, adossée à un réseau relationnel tissé au gré de séminaires en Afrique australe et au Moyen-Orient, lui a permis de porter haut les couleurs de la finance congolaise.
Une distinction qui rejaillit sur la Banque Postale du Congo
En devenant double lauréat – il avait déjà reçu le même titre en 2023 –, Avant Gotène offre à la BPC un avantage d’image considérable. Pour l’établissement public, la visibilité glanée à Rio se traduit par une crédibilité accrue lors des négociations syndiquées et des appels à refinancement. Un dirigeant de FCI souligne d’ailleurs « la cohérence de la stratégie BPC qui fait de l’affacturage un pilier de son offre corporate ». Dans un environnement bancaire sous tension, marqué par la compétition régionale et par les exigences prudentielles de Bâle III, cette plus-value réputationnelle aidera la BPC à attirer un flux de capitaux internationaux tout en consolidant la confiance des entrepreneurs locaux.
L’affacturage, catalyseur de compétitivité pour les PME congolaises
Encore trop souvent perçu comme un produit de niche, l’affacturage représente pourtant un levier décisif pour les petites et moyennes entreprises confrontées à l’allongement des délais de paiement. En cédant leurs créances commerciales à un factor, les entrepreneurs assainissent leur trésorerie, évitent le surendettement bancaire classique et gagnent en flexibilité pour investir. Selon les estimations de la Banque africaine de développement, l’écosystème congolais compte un déficit annuel de financement de plus de 900 millions de dollars pour les PME. L’action de Gotène, couronnée à FCI, s’inscrit dans une dynamique de réduction progressive de ce fossé, en conjuguant plaidoyer, formation et adaptation réglementaire.
Un travail de fond sur le cadre légal national
Parmi les avancées concrètes attribuées au lauréat figure la rédaction de la loi n° 54 du 31 décembre 2021 régissant l’activité d’affacturage en République du Congo. Ce texte, élaboré en concertation avec le ministère des Finances, a clarifié les obligations des factors, défini les garanties associées aux créances cédées et introduit des dispositions fiscales incitatives. Depuis son entrée en vigueur, les volumes d’opérations d’affacturage déclarées à la Commission bancaire de l’Afrique centrale ont progressé de 37 %. Cette évolution illustre la corrélation entre stabilité juridique et confiance des investisseurs, un principe volontiers rappelé par les institutions de Bretton Woods.
Une visibilité accrue pour l’écosystème financier de Brazzaville
Au-delà du cas personnel de Gotène, la distinction FCI contribue à repositionner Brazzaville sur la carte des services financiers spécialisés. Les chancelleries économiques observent de près ce signal. Un diplomate européen estime que « la reconnaissance internationale d’un expert local crédibilise l’ensemble de la place financière congolaise et encourage les agences de notation à réexaminer leurs grilles ». Si l’agence Standard & Poor’s n’a pas encore révisé son appréciation, plusieurs analystes anticipent une stabilisation du risque souverain à moyen terme, condition favorable à une diversification des instruments de financement en monnaies locales.
Des retombées attendues sur l’inclusion financière des jeunes
L’affacturage, en fluidifiant l’accès à la trésorerie, ouvre des perspectives inédites à la génération montante d’entrepreneurs congolais. Les incubateurs de Pointe-Noire et de Dolisie voient déjà la différence : les start-up du numérique et de l’agro-transformation recourent à ce mécanisme pour soutenir une croissance souvent trop rapide pour les schémas bancaires traditionnels. La Banque Postale du Congo, forte de la notoriété de son directeur, envisage un fonds de garantie partielle destiné aux entrepreneurs de moins de 35 ans. L’objectif affiché est de financer, d’ici 2027, plus de 500 projets créateurs d’emplois pérennes.
Rio, point d’orgue d’un plaidoyer continental
À Rio, les interventions d’Avant Gotène ont mis l’accent sur l’urgence d’un marché africain de l’affacturage intégré. Il a plaidé pour une harmonisation des régimes juridiques au sein de la Zone de libre-échange continentale, rappelant qu’« aucune start-up n’a vocation à évoluer dans des silos réglementaires clos ». Selon FCI, la part de l’Afrique dans le volume mondial d’affacturage demeure inférieure à 1 %, un chiffre que le lauréat ambitionne de doubler à l’horizon 2030 grâce à des outils d’éducation financière et à la digitalisation des procédures de cession de créances.
Un élan à consolider par la formation et l’innovation
Le succès symbolique de cette distinction devra désormais se traduire par des résultats mesurables : ratio de sinistralité maîtrisé, intégration de l’intelligence artificielle pour le scoring des créances, renforcement des compétences locales. La BPC, en partenariat avec Afreximbank, projette d’ouvrir un centre régional d’expertise à Brazzaville pour former des analystes en structuration d’affacturage. « La distinction n’est qu’une étape », insiste Gotène, « le véritable enjeu est de créer un cercle vertueux où les financements de court terme stimulent des industries de long terme ». Un défi à la hauteur de l’ambition affichée par la République du Congo de devenir un hub sous-régional des services financiers innovants.
Vers un avenir financier plus résilient pour le Congo
En consacrant Avant Gotène pour la seconde fois, la communauté mondiale de l’affacturage envoie un signal fort : le potentiel africain, lorsque talent et cadre réglementaire convergent, peut rivaliser avec les standards internationaux. Pour la jeunesse congolaise, souvent en quête de modèles, cette réussite raconte une histoire de persévérance et d’ouverture. Elle rappelle enfin que la finance, loin d’être un univers abstrait, se révèle un outil tangible de transformation socio-économique, pour peu que les acteurs sachent l’ancrer dans les réalités du territoire. C’est à cette condition que la distinction glanée à Rio dépassera le symbole pour devenir un moteur durable de croissance inclusive.