Une feuille de route commune pour l’engagement des 20-35 ans
Au Palais des congrès de Brazzaville, la signature conjointe d’une convention bilatérale et d’un protocole tripartite a résonné comme la concrétisation d’une ambition partagée : replacer la jeunesse au cœur des dynamiques de coopération entre la République du Congo et la France. Sous l’égide du ministère de la Jeunesse et des Sports, du gouvernement français et de l’ONG France Volontaires, ce double acte scelle la volonté de professionnaliser un engagement citoyen déjà fécond mais encore trop dispersé.
Dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 35 ans, la structuration d’un Corps national des jeunes volontaires devient un enjeu stratégique. Elle participe, selon les responsables congolais, de la feuille de route définie par le président Denis Sassou Nguesso pour l’autonomisation et la responsabilisation de la nouvelle génération.
La réciprocité, moteur d’une coopération rénovée
L’originalité des accords réside dans l’accent mis sur la réciprocité. Dès 2025, dix jeunes Congolais mèneront des missions d’intérêt général en France, pendant qu’un contingent équivalent de volontaires français poursuivra son immersion au Congo. Les expériences acquises ne seront pas de simples parenthèses exotiques ; elles devront irriguer les projets locaux à leur retour, garantissant un transfert de compétences et de nouvelles grilles de lecture sur les enjeux de développement.
Le ministre délégué français, Thani Mohamed Soilihi, a salué « une alliance qui hisse le volontariat au rang de pilier de la coopération au développement durable » (déclaration du ministre). Pour Charles Makaya, directeur de cabinet du ministère congolais de la Jeunesse, « cette dynamique donnera un souffle nouveau aux actions du Corps national », en renforçant la capacité des encadreurs et en offrant des perspectives d’insertion socio-professionnelle à la fin des missions.
Vers un volontariat structuré et professionnel
Depuis l’implantation de France Volontaires au Congo en 2012, près de 500 jeunes ont été mobilisés sur des thématiques aussi variées que l’environnement, la santé ou l’éducation. Pourtant, l’absence jusqu’alors d’un cadre légal unifié limitait la visibilité du dispositif. La nouvelle convention introduit une architecture claire : définition d’un statut du volontaire, harmonisation des formations pré-déploiement et renforcement des mécanismes de suivi-évaluation.
Pour Mamadou Ndour Camara, représentant national de France Volontaires, une telle professionnalisation « permettra de mesurer plus finement l’impact social des missions et de consolider la confiance des partenaires financiers ». L’accord de siège en préparation entre l’ONG et l’État congolais achèvera d’ancrer durablement cette expertise sur le sol national.
Des trajectoires inspirantes pour une génération en quête de sens
L’ancienne volontaire Tiphene Tamba incarne la promesse contenue dans ces dispositifs. Partie à Saint-Étienne lors de la saison Africa 2020, elle confie avoir « découvert la diversité culturelle et acquis une agilité professionnelle insoupçonnée ». Revenue au pays, elle a rejoint l’équipe des 9ᵉ Jeux de la Francophonie à Kinshasa, élargissant un réseau transfrontalier désormais précieux pour ses projets artistiques.
À l’instar de Tiphene, une quarantaine de jeunes Congolais se sont engagés en 2024 sur des missions à fort impact sociétal : revitalisation d’aires protégées dans le Kouilou, appui à la télémédecine dans la Sangha, ou encore mentorat numérique à Pointe-Noire. Ces parcours, abondamment relayés sur les réseaux sociaux, nourrissent un imaginaire collectif où l’engagement citoyen devient un vecteur d’épanouissement personnel autant qu’un instrument d’influence positive.
Perspectives 2025 : un agenda partagé pour le développement durable
L’agenda fixé par les signataires table sur une montée en puissance progressive : triplement du nombre de volontaires d’ici 2027, création d’un fonds de solidarité alimenté par des entreprises des deux rives du fleuve Congo, et mutualisation des plateformes de formation en ligne. L’objectif est clair : faire de chaque mission un laboratoire de solutions locales alignées sur les Objectifs de développement durable.
Au-delà des indicateurs quantitatifs, les autorités congolaises misent sur l’effet d’entraînement : susciter des vocations, canaliser l’énergie créative des jeunes et contribuer à l’émergence d’un leadership citoyen renforcé. La diplomatie française y voit un relais crédible de la francophonie solidaire, tandis que les ONG locales saluent une coopération qui laisse une part croissante à l’initiative congolaise.
En définitive, la double signature du 28 juin s’apparente à une pierre angulaire : elle consolide une convergence d’intérêts autour de la jeunesse, percute les aspirations d’une génération connectée et ambitionne de traduire l’engagement citoyen en résultats mesurables pour les communautés. Dans le sillage de cet accord, chaque jeune volontaire congolais ou français est invité à devenir l’architecte d’un pont culturel et économique nouveau, reliant Brazzaville, Pointe-Noire et Paris dans un même élan de solidarité active.
