Auteur/autrice : Brazzabuzz
Une présidence tournante qui échappe in extremis Réunis à Abuja le 7 juillet, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont désigné, presque au dernier moment, le Sierra-Léonais Julius Maada Bio à la tête de l’organisation. Le cérémonial paraît routinier, mais la diplomatie sénégalaise s’était avancée, persuadée que l’alternance démocratique réussie de mars dernier à Dakar faisait de Bassirou Diomaye Faye le candidat idéal : jeune, réformateur et, selon les communiqués officiels, « représentatif d’une nouvelle génération de leadership africain ». L’annonce, intervenue après un huis clos prolongé, a donc surpris…
Un pari diplomatique à haute teneur symbolique À l’Élysée, le dossier est suivi presque heure par heure : rassembler, le 25 juillet à Paris, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame autour d’une table supposée exclusivement humanitaire. Selon des sources concordantes, Emmanuel Macron veut arracher « un geste commun » en faveur des civils piégés entre les lignes de front au Nord-Kivu. Le timing n’a rien de fortuit : il intervient à la veille du Sommet des Nations unies sur les objectifs de développement durable et alors que la Mission onusienne MONUSCO prépare son retrait progressif. En misant sur la…
Une sentence qui résonne de Kigali à Yamoussoukro Installée à Arusha, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a rendu, le 7 décembre, un arrêt très attendu concernant les recours introduits par l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro. Les deux hommes dénonçaient des condamnations prononcées à Abidjan qu’ils estiment attentatoires à leurs droits politiques fondamentaux. En déclarant irrecevables les requêtes, les juges panafricains confirment de facto l’interdiction qui leur est faite de briguer la magistrature suprême au scrutin du 25 octobre, tout en rappelant la complexité des passerelles entre justice nationale et justice…
Un divorce politique qui secoue la sphère francophone À 75 ans, Issa Tchiroma Bakary a choisi de rompre avec un compagnonnage vieux de trois décennies auprès du président Paul Biya. Dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, suivie d’une intervention en direct le lendemain, l’ancien ministre s’est déclaré candidat à la magistrature suprême, estimant que « le temps est venu pour le régime actuel de se retirer dignement ». Cette déclaration intervient dans un contexte où l’incertitude plane encore sur les intentions de Paul Biya, doyen des chefs d’État en exercice sur le continent, et redessine de facto le…
Une filiation vocale qui défie le temps Il suffit de quelques mesures pour que l’auditeur soit happé : dans les vibrations de la voix de Kaabi Kouyaté affleure l’ombre sonore de Sory Kandia, figure tutélaire de la Guinée post-indépendance. Cette similitude n’est ni pastiche ni mimétisme mécanique ; elle relève d’une continuité quasi organique, façonnée par des années d’écoute intime et de pratique rigoureuse. Kaabi lui-même confesse avoir dû « longuement méditer la portée d’un tel legs » avant d’oser l’habiter. À l’heure où les relectures patrimoniales s’exposent souvent au reproche de la nostalgie, l’artiste propose ici un dialogue intergénérationnel où la…
Lumière crue sur la détresse des migrants subsahariens en Tunisie Les images recueillies par un collectif de documentaristes, projetées la semaine dernière à Paris, ont brutalement rappelé que la route méditerranéenne n’est pas le seul théâtre de souffrances pour les migrants. Dans le sud tunisien, aux confins de la Libye et de l’Algérie, des groupes entiers d’Africains subsahariens, dont des Congolais, sont repoussés hors des villes, abandonnés dans des plaines caillouteuses où la température dépasse souvent quarante degrés. Privés d’eau et de vivres, ils organisent des campements de fortune et attendent un improbable secours des ONG locales. Un jeune étudiant…
Une journée commémorative sous la loupe économique Le 31 juillet, la Journée internationale de la femme africaine rappelle, pour beaucoup, une date protocolaire. Or, derrière le rituel, se joue une réalité macro-économique trop souvent éclipsée : sans la pleine participation des femmes, les trajectoires de croissance du continent demeureront inachevées. La Banque mondiale estime qu’en refermant l’écart de genre, l’Afrique subsaharienne pourrait ajouter jusqu’à 2 500 milliards de dollars à son PIB d’ici 2025. Ce chiffre, martelé lors de la dernière assemblée annuelle de l’institution, place la question au cœur de la stratégie productive plutôt que dans la sphère des…
De la canopée équatoriale à la périphérie brazzavilloise À vol d’oiseau, le contraste est saisissant. Au nord, la forêt équatoriale dessine un tapis d’un vert intense, sanctuaire de biodiversité et puits de carbone de portée planétaire. Au sud, les clairières s’élargissent jusqu’à céder la place à la mosaïque des champs de manioc, des bananeraies et des plantations d’arachide, avant que les toits de tôle des faubourgs de Brazzaville n’annoncent la densité humaine. Cette géographie morcelée façonne le destin national : l’abondance naturelle offre un potentiel économique, mais la difficulté d’accès aux zones reculées maintient des inégalités territoriales persistantes. D’après l’Initiative…
Une charnière géographique stratégique au cœur du golfe de Guinée La République du Congo, adossée à plus de deux mille kilomètres de frontières et ouverte sur l’Atlantique, occupe une position de carrefour entre l’Afrique subsaharienne occidentale et la région des Grands Lacs. Du plateau Bateke au bassin du fleuve Congo, la topographie alterne savanes, zones inondables et denses massifs forestiers qui constituent le deuxième poumon mondial après l’Amazonie. Cette configuration confère au pays un double visage : celui d’un corridor commercial naturel et celui d’un sanctuaire écologique constamment menacé par la pression démographique et l’appétit des industries extractives. Climat tropical…
Mbinda, héritage industriel et vulnérabilité sanitaire Mbinda, jadis plaque tournante du manganèse convoyé par la COMILOG vers Pointe-Noire, porte encore les cicatrices d’une désindustrialisation brutale survenue il y a trente-quatre ans. Le retrait de l’entreprise a provoqué l’effondrement des infrastructures essentielles, laissant la population sans eau potable ni électricité. Privés de réseau d’adduction sécurisé, les habitants se rabattent désormais sur les puits ou sur les cours d’eau du bassin versant, dont la Yordane. Dans ce contexte, l’accumulation de déchets solides et végétaux dans le lit de la rivière accroît le risque d’inondations, tout en favorisant la propagation de pathogènes responsables…