Youth Connekt Congo, une plateforme en plein essor
Réunis le 22 août 2025 à Brazzaville autour du ministre Hugues Ngouelondélé, les partenaires du projet Youth Connekt Congo ont dressé un premier bilan et validé une feuille de route centrée sur l’employabilité des 15-35 ans.
Aux côtés du gouvernement, Abdourahamane Diallo pour l’ONU, Adama Dian Barry pour le PNUD et Andrea Barberi pour Eni Congo ont rappelé que l’initiative vise à transformer l’énergie créative des jeunes en valeur ajoutée pour toute l’économie nationale.
L’événement a surtout marqué le lancement officiel du comité de pilotage, organe chargé de connecter aspirations jeunesse, politiques publiques et contributions privées afin que chaque programme déployé aboutisse à des stages, des emplois ou des entreprises concrètes.
Adama Dian Barry a rappelé que Youth Connekt s’aligne sur la vision du président Denis Sassou Nguesso, articulée autour du programme Projeunes 2024, qui fait de l’innovation une voie royale pour une croissance endogène portée par la population la plus nombreuse du pays.
L’alliance public-privé, pilier du programme STAGI
Au cœur de la réunion, la signature d’une lettre d’engagement entre le FONEA et Eni Congo a confirmé la deuxième cohorte du dispositif STAGI, pensé pour insérer 10 000 jeunes diplômés, dont la moitié de femmes, dans des environnements professionnels compétitifs.
Trente stagiaires de la première vague ont reçu leur attestation sous les applaudissements. Certains, comme Diane Koussou, diplômée en génie civil, « ont déjà signé un CDD après seulement trois mois de terrain », souligne la direction des ressources humaines d’Eni Congo.
Pour Hugues Ngouelondélé, ces résultats prouvent « qu’un dispositif ciblé et structuré peut accélérer l’insertion sans alourdir la dépense publique, dès lors que le secteur privé prend sa part de risque et de tutorat ».
Eni Congo, acteur majeur des hydrocarbures, voit dans cette collaboration un moyen de diversifier ses compétences locales. « La transition énergétique nécessitera des profils pluridisciplinaires », affirme le directeur général, convaincu que la formation des jeunes renforcera également la compétitivité du groupe.
Formations numériques, agroalimentaires et santé
Au-delà des stages, Youth Connekt Congo capitalise sur des formations courtes. Douze cents jeunes filles ont déjà acquis des compétences en programmation, design web ou cybersécurité, ouvrant la porte à de nouvelles vocations technologiques dans un pays où le taux de pénétration Internet progresse rapidement.
Des cafés d’opportunités ont également rassemblé mille jeunes à Gamboma et Dolisie autour des secrets de la transformation agroalimentaire locale, du séchage d’ananas au conditionnement de manioc, renforçant l’idée que l’agriculture de proximité reste un levier concret de croissance inclusive.
Sur le volet santé, au moins cinq mille adolescents ont été sensibilisés à la santé sexuelle et reproductive, un préalable reconnu pour maintenir les jeunes femmes sur les bancs de l’école ou dans les centres de formation professionnelle.
Mesurer l’impact : chiffres clés et retours d’expérience
La plateforme participative U-Report revendique déjà 36 000 inscrits et plus de vingt communautés thématiques, du volontariat environnemental à la fintech. Les sondages hebdomadaires alimentent les décideurs en données fraîches sur les attentes, évitant que les programmes ne se déroulent dans le vide.
Depuis l’adoption de la politique nationale de la jeunesse et de la stratégie 2022-2026, le ministère suit un tableau de bord trimestriel. Le chômage des diplômés y est descendu de deux points entre 2023 et 2024, selon l’Institut national de la statistique.
Pour Pascal Tchitembo, économiste à l’Université Marien-Ngouabi, « la tendance est encourageante mais doit être durable. L’enjeu se situe désormais dans l’accompagnement post-stage, notamment l’accès au crédit et à l’assurance pour les start-ups issues du programme ».
L’Institut national de la statistique prépare pour 2026 une enquête emplois-jeunes qui mesurera non seulement l’accès au travail stable mais aussi le taux de survie des start-ups créées. Les chiffres serviront de boussole au comité de pilotage pour ajuster les futures priorités.
Défis et perspectives pour la prochaine cohorte
Les inscriptions pour la deuxième cohorte STAGI viennent d’ouvrir en ligne. Le FONEA table sur un afflux de candidats supérieur à la capacité d’accueil, signe, selon Abdourahamane Diallo, « que la jeunesse croit à la promesse d’un avenir possible chez elle ».
La qualité de l’encadrement reste toutefois cruciale. Le comité de pilotage prévoit de recruter cent nouveaux tuteurs issus d’entreprises locales pour renforcer la supervision quotidienne et réduire le risque d’abandon, notamment dans les secteurs à forte densité technologique.
Autre défi, la soutenabilité financière. Un fonds de garantie, examiné avec la Banque postale du Congo, pourrait faciliter l’accès aux microcrédits pour les participants désireux de lancer leur propre activité au terme du stage.
En misant sur la convergence entre volontarisme étatique, expertise onusienne et engagement des entreprises, Youth Connekt Congo entend consolider son statut de laboratoire d’innovations sociales et économiques où la jeunesse devient véritablement actrice du développement national.
À terme, les organisateurs ambitionnent de connecter Youth Connekt Congo aux diasporas afin de mobiliser mentorat, capital-risque et nouveaux marchés pour les initiatives locales, renforçant ainsi le pont entre talents nationaux et réseaux internationaux.